Coup de blues sans fin ? Déprime plus que passagère ? Non ! La dépression résistante est une maladie mentale à prendre au sérieux. Le cerveau joue un rôle majeur dans cette pathologie. Les intestins également par la présence de la flore intestinale bactérienne. Elle est impliquée dans la synthèse des neuromédiateurs. Les antidépresseurs classiques restent le traitement de première ligne. Mais une nouvelle option thérapeutique à base de composés bactériens est à l’étude. Ils pourraient aider certains patients dépressifs. Ceux qui ne répondent pas aux traitements habituels. Le point sur la question.
la dépression résistante est (aussi) une affaire d'intestins
Ce n’est peut-être pas forcément intuitif pour vous. Si je vous parle de dépression résistante, vous allez certainement me répondre que c’est le cerveau qui est concerné. Et c’est vrai. Mais ce n’est pas le seul organe impliqué. Depuis des années, les experts ont mis en évidence que le cerveau et les intestins travaillent ensemble. C’est vrai que des connexions neuronales existent entre les 2 organes. Mais les muqueuses intestinales suscitent aussi de l’intérêt. En effet, des bactéries colonisent naturellement notre tube intestinal formant le microbiote intestinal. Or celui-ci participe à la production de neuromédiateurs impliqués dans les transmissions nerveuses. S’ils manquent, les neurones fonctionnent moins bien. Des troubles de santé mentale peuvent alors survenir. Prenez l’exemple de la sérotonine, neuromédiateur bien connu. Quand elle est en teneur insuffisante, une dépression peut s’installer. Quand des populations bactériennes intestinales sont défaillantes, une faible teneur en tryptophane, précurseur de la sérotonine, s’installe. C’est pourquoi on peut qualifier ces bactéries de psychobiotiques. Elles participent à l’équilibre psychique d’un individu en libérant des neuromédiateurs.
Dépression résistante et antidépresseurs, une histoire compliquée
Quid des antidépresseurs ? Ce sont des médicaments efficaces. 70% des dépressions sont bien traitées par des médicaments comme la fluoxétine, par exemple, d’une des principales familles d’antidépresseurs. Mais 30% des patients dépressifs ne répondent pas aux traitements classiques. Et ils développent une dépression résistante au fil du temps. C’est pourquoi les chercheurs explorent les cellules impliquées pour mieux comprendre les dysfonctionnements. Aujourd’hui, différentes stratégies thérapeutiques sont envisagées. Les soignants peuvent prescrire des régulateurs de l’humeur ou des antipsychotiques. Une autre alternative est la neurostimulation. Mais une nouvelle démarche thérapeutique suscite de l’espoir. En fait, il faut constater que le microbiote intestinal du malade est perturbé et prouver que les organismes microbiens ne produisent pas assez de tryptophane. Il n’y a donc pas assez de sérotonine circulante. D’où l’idée de mettre au point des médicaments à base de bactéries intestinales et de renforcer ainsi la production de tryptophane. Les fameux psychobiotiques. Nous sommes peut-être à l’aube de la naissance d’une nouvelle famille thérapeutique prometteuse. Même si les médicaments ne sont pas la seule réponse pour traiter les maladies mentales.
Psychobiotiques : c'est une voie d'avenir
Retour au laboratoire. Des études ont été menées chez le rat. Après ingestion d’une bactérie, le taux sanguin de tryptophane augmente de manière significative. Il y a ainsi une plus grande production de sérotonine. C’est une réelle découverte pleine d’avenir. Mais une question légitime se pose. Ces bactéries remplaceraient-elles les antidépresseurs classiques ? Probablement que non. En réalité le traitement des personnes souffrant de dépression résistante se ferait en associant les 2 types de médicaments. Les bactéries probiotiques et les antidépresseurs. Les composants bactériens seraient ensemencés dans le microbiote intestinal défaillant. Celui-ci produirait alors davantage de tryptophane. D’où une synthèse accrue de sérotonine. Cette molécule serait plus présente dans la circulation sanguine et dans le cerveau. Et elle serait davantage captée par les récepteurs neuronaux grâce aux antidépresseurs classiques. En résumé, plus de sérotonine grâce aux psychobiotiques et une meilleur capture neuronale grâce aux antidépresseurs. Ce serait un bel exemple de synergie thérapeutique.
Prêt à prendre des bactéries intestinales en gélule ? Peut-être que non ! Mais il est fort probable qu’elles feront partie de l’arsenal thérapeutique de demain. D’autres pistes de traitement à base de substances hallucinogènes, sont également à l’étude. Une affaire à suivre de très près. Sans jamais oublier Dieu et son soutien pour retrouver le chemin du mieux être. Oui car médecine et foi sont vraiment compatibles. Et puis parfois il ne s’agit pas de dépression réelle mais d’un simple passage existentiel où on se pose beaucoup de questions…
Sources: Institut Pasteur
Crédit photos: Pixabay